Mortalité de lièvres : rester réactif et prudent .

 

 

Régulièrement à cette période de l’année, nombre d’entre vous nous font part de leur inquiétude face au constat de mortalité de lièvre relevé sur leur territoire. Toutefois , l’observation des relevés Sagir annuels antérieurs, laisse apparaitre que la mortalité chez cette espèces est bien répartie toute l’année avec cependant, un pic marqué durant l’été et le début de l’automne.

Représentant 43% des analyses annuelles( écarts allant de 35 à 65%) , le nombre moyen de lièvres analysés est de 28 sur les 6 dernières années avec une moyenne de 60 analyses par an . Pour 2014, nous totalisons à ce jour 46 lièvres pour 60 analyses effectuées , soit 74%.…

Recrudescence de mortalité , certes, et logiquement davantage « ressentie » dans les secteurs à forte densité, non pas  « parce qu’on en a laissé trop », comme on l’entend parfois encore , mais parce que statistiquement, on a plus de « chance » de retrouver un lièvre mort sur un territoire où l’espèce est numériquement bien représentée.

Pourtant, une cartographie des relevés d’analyses laisse bien apparaitre que la mortalité frappe également les secteurs à faible densité. Une chose est sûre en ce cas : leur impact sur les populations à faible effectif sera bien plus grave que sur des densités conséquentes ! Inversement aussi, certaines zones à fortes densités en sont exemptes.

 

Les causes de mortalités diagnostiquées par le LDA 62 sont assez variables d’une année sur l’autre. Une fois de plus, depuis le début de l’année, ce sont les causes de mortalité d’origine bactérienne qui prédominent ( 32 cas sur 46) parmi lesquelles il faut citer 12 cas de colibacillose, 7 cas de tularémie, 5 cas de pasteurellose et autant de Yersiniose. Les mortalités d’origine virale (EBHS) sont au nombre de 11. 6 cas d’origines diverses viennent compléter le total.

Quelles sont les raisons d’une telle mortalité ? On peut invoquer les conditions climatiques avec un mois d’aout humide, le stress des récoltes et les travaux du sol. Il faut aussi se remémorer que le lièvre est une espèce prolifique et par conséquent sujette à de nombreuses épizooties . On signalera aussi cette année, une bonne reproduction liée à une régulation sérieuse du renard et des corvidés. Or, on sait que les jeunes sujets sont plus sensibles aux maladies que les adultes. Enfin, l’enlèvement des récoltes , puis l’ouverture de la chasse occasionnent une présence humaine accrue sur les territoires favorisant l’observation des mortalités. En définitive, il en ressort que l’on est face à une conjonction de facteurs qui semble bien complexe à hiérarchiser.

Lorsque l’on sait, de surcroit, qu’il n’y a pas de prophylaxie possible en nature, on peut rester perplexe face à un tel éventail de causes de mortalité chez cette espèce .

C’est donc au gestionnaire de décider s’il y a lieu de reconsidérer le prélèvement initialement fixé : Dans les secteurs à faible densité, une décision rapide doit être prise.

Ailleurs, là où les densités constatées restent bonnes, une concertation en fin de chaque journée de chasse permet de faire le point. Déjà préconisé et pratiqué depuis plusieurs années, ce dispositif a fait ses preuves puisque la récurrence des mortalités n’a pas empêché la remontée des effectifs constatée lors des derniers comptages. N’hésitez pas à contacter les agents de terrain de la Fédération afin de conforter votre décision.

Par ailleurs, si la plupart des maladies diagnostiquées chez le lièvre ne sont pas transmissibles à l’homme ou au chien, il faut toujours garder à l’esprit et appliquer les précautions de manipulation sanitaire, à plus forte raison en présence d’un sujet au comportement inhabituel et/ou en mauvais état général.

C’est en particulier le cas dans les secteurs où le réseau Sagir a relevé récemment des mortalités dues à la tularémie. En ce cas, la mairie est informée et un pancartage est réalisé aux abords des zones de découverte. Sans aller jusqu’à interdire la chasse, il faut rappeler qu’il s’agit d’une zoonose contagieuse pour l’homme et en recrudescence actuellement. S’il demeure du ressort de chacun de décider de poursuivre le prélèvement, il convient toutefois de redoubler de vigilance lors des manipulations.

Rappelons ici les précautions sanitaires de base à appliquer :

-Porter des gants jetables pour toutes manipulations jusqu’à la fin de l’éviscération.

-Se laver soigneusement les mains à l’eau savonneuse ou avec du gel antiseptique .

-Ne pas manger ni fumer sans s’être lavé les mains.

-Vérifier l’absence de tiques sur soi et désinfecter les plaies occasionnées lors de ces opérations ( chasse, déterrage, piégeage…).

-Eliminez de la consommation tout sujet douteux .

-Eviter toute autopsie, et emballer soigneusement (sac poubelle étanche « qualité jardin » recommandé) les cadavres destinés au transport ( analyse…)

-Ne pas expulser l’air du sac en direction de votre visage

-Enterrer sous couche de chaux les cadavres sans autre destination.

-Veillez à l’hygiène de vos animaux de compagnie ainsi qu’à la propreté de votre véhicule.

-Consulter votre médecin dès l’apparition de troubles, fièvre… en lui précisant votre activité…

 

Pour terminer, rappelons encore que les analyses doivent être envisagées avec beaucoup de circonspection en période de chasse : Nombre de sujets ont été plombés, mal conservés , voire même déjà éviscérés… ou retrouvés morts après quelques jours suite à un tir à trop grande distance. Le Laboratoire Départemental d’analyse ne peut rien diagnostiquer sur de tels échantillons.

Une fois de plus, force est de constater que le réseau Sagir s’acquitte de sa mission d’observatoire sanitaire de la faune sauvage en informant sans tomber dans la psychose.

Pierre Houbron, ITD Sagir FDC 62

Fédération des Chasseurs du Pas-de-Calais

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